Archives de l’auteur : c_line

Urbanisme et efficience = l’interprétation du nombre

#Planification paramétrique

Grille numérique et développement stratégique urbain
En 2010 l’expérience d’échange des ateliers urbains de Cergy a été l’occasion de découverte d’un autre mode de procédé dans la vision de développement urbain : la définition numérique du fonctionnement des villes par une grille de critères quantifiés de l’échelle de la population au nombre de bâtiments remarquables.
L’atelier concernait Cao Lanh, commune du  Sud du Vietnam, qui se trouvait au cœur d’une volonté nationale planifiée de renforcer le développement du delta du Vietnam: Cao Lanh possède 10 ans pour passer de ville de 3ème catégorie à ville de 2ème catégorie qui correspond au rang du rayonnement attendu.

RVB de basecartes des limites administratives de Cao Lanh et ambitions

La grille de critères intervient  donc pour définir le statut de la ville ; une ville de 2ème rang correspondant à l’obtention de 70 à 100 points, mais aussi comme aide dans l’organisation du développement du territoire.
En effet, la grille fonctionne comme suivant : 46 critères ont été déterminés, auxquels sont associés des unités puis des quantités références qui permettent alors de définir un certain nombre de points.
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Retour d’expérimentation d’un MOOC : quand le numérique reconstruit l’espace physique

En début d’année le MIT a expérimenté pour la première fois une version MOOC interactive de son cours Learning Creative Learning, ce qui était plus que pertinent puisque le contenu de ce cours développe les potentiels des nouveaux outils numériques dans un apprentissage participatif et créatif.
Mais qu’est-ce qu’un MOOC ? Le MOOC, Massive Open Online Course, est la diffusion en ligne de cours d’Universités, qui permet ainsi à des individus de partout dans le monde d’avoir accès à ces enseignements. Pour l’instant, cela ne permet pas encore d’obtenir des diplômes, même si certaines universités commencent à distribuer des certificats de “complétions”.

Le MOOC…. une MASSIVE gestion technique
J’ai fait partie de ce MOOC en tant qu’élève, et le premier challenge auquel j’ai pu participer a été de construire l’infrastructure qui permette de composer et rendre actifs les 24 000 inscrits dans le monde entier que nous représentions. La stratégie a d’abord été de nous répartir en petits groupes d’une quinzaine de personnes en fonction de notre localisation géographique afin de faciliter les échanges en temps réels. Le MIT a ses outils préférentiels, dont Google, et on s’est donc constitué en de multiples micro Google Communities.
En parallèle de la mise en place technique du MOOC, les cours ont commencés. Ils était organisés selon   une formule hebdomadaire de  deux heures de conférences en ligne, associés à une liste de lectures et d’exercices, eux aussi hebdomadaires.
Le fait d’être associé dès le début du cours à une communauté a eu un impact immédiat : dans chaque communauté, des mails, des tweets, des videos en Hangout et même des blogs individuels se sont développés spontanément, pour échanger autant sur les sujets des cours que sur la gestion technique de groupe et ont donné  une autre dimension aux deux heures de cours.
Dave Cormier, enseignant chercheur et Manager du Département Web Communications and Innovations à l’Université de Prince Edward Island, explique parfaitement dans la vidéo ci dessous tous les phénomènes parallèles induits par le MOOC. Lire la suite

Enjeux du workshop : l’urbaniste concepteur et coordinateur

bruitdufrigo_brasero_020Le Brasero, Atelier d’urbanisme utopique, Bordeaux par Le Bruit du Frigo

Le workshop, espace commun de pensée
Le workshop, dans sa visée participative horizontale,  provoque  l’occasion de libérer la parole citoyenne mais permet aussi de solliciter et croiser des compétences multiples sur des problématiques spécifiques. Ces compétences peuvent provenir d’experts locaux, tel un entrepreneur local spécifique, un hacker actif, des parents, mais aussi des personnalités extra-territoriales  comme un industriel, un chercheur, un expert en économie solidaire, pouvant apporter des idées, des conseils, des retours d’expériences similaires, des opportunités, des mises en réseau.

dreamhamar

Différents exemples de workshop existent, cependant une expérience atypique illustre  la potentialité dénombrée par des ateliers : DreamHamar, un processus urbain qui s’est déroulé en Norvège. Cette expérience a transformé une demande initiale de formalisation d’un projet en un processus de constitution d’une communauté de projet. Pour ce faire, l’agence Ecosistema urbano et son équipe a utilisé les possibles des technologies du numérique  et imbriqué des ateliers sur site (onsite workshop), des ateliers avec des institutions situées dans d’autres pays (academic network), des ateliers dématérialisés (online workshop), afin d’élargir la communauté de réflexion sur les problématiques du site.
Vous trouverez sur ce lien une interview de Francesco Cingolani, architecte ayant participé à la conception et la réalisation du projet,  relatant l’expérience des dispositifs de DreamHamar.

La finalité du workshop peut être diverse. Pour certains, il constituera une finalité en soi en ce qu’il représente un temps d’expression de la démocratie participative, pour d’autres, il est devenu un outil nécessaire à l’élaboration de visions urbaines adéquats, de stratégies de développement partagées, qui permet, entre autre,  l’identification de ressources  locales de projet mobilisables à court terme, inscrivant dans le physique et dans l’immédiateté les discours sur l’évolution du territoire.

Cependant, au delà des enjeux de stratégie urbaine, l’expérience collaborative des workshops met aussi en exergue l’enjeu  lié à la complexité de l’ajustement mutuel entre tous les intervenants.
La mise en confiance de toutes les parties, la mise en partage d’une capacité de discours entre des techniciens, connaisseurs des processus des études, des concepts et vocabulaire urbains, et des habitants nouvellement habitués à être sollicités, la mise en partage des données, la fabrication de dynamiques suscitant paroles et réflexions, la mise en cohérence de ces réflexions… mettent en évidence le double rôle du métier d’urbaniste, ou du moins l’intensification de celui-ci : l’urbaniste reste toujours un expert du territoire et être force de propositions, mais doit aussi en parallèle détenir un savoir faire dans les domaines de la coordination.
Ce domaine implique de toutes autres compétences, qui peuvent être apportées par des personnes tels qu’experts des processus participatifs, mais si l’on veut véritablement intégrer ces nouveaux modes de faire comme élément créatif et constituant de la construction du projet, il nous faut, à nous urbaniste, entendre ces logiques de groupe.

De nouveaux outils sont mis à notre disposition. Véronique Hillen, experte en Design Thinking nous livre sur son site des clés pour construire ces moments,  impliquer les gens, les placer en posture de propositions dans des dynamiques en étant à l’écoute de chacun. Elle nous parle d’empathie, nous donne des conseils sur un bon Brainstorming, sur la réflexivitéEmile Hooge, consultant en management du territoire chez Nova 7 utilise quand à lui les Lego pour des ateliers de prospective urbaine. Vous trouverez sur villeliquide.com un article décrivant l’enjeu et les étapes de ce procédé.
Il ne s’agit donc plus seulement, aux acteurs du projet urbains, d’être attentifs aux évolutions des sociétés, des territoires, mais aussi de s’ouvrir à d’autres formes et outils de construction de projet.

 

 


suite à : De nouvelles complexités dans le processus urbain = de nouvelles complexités dans la pratique de l’urbaniste

intro-nouveaux-outils copie

Les évolutions fondamentales du processus urbain, décrites dans le précédent article, ont de la sorte fait évoluer les enjeux des outils urbains que nous avions l’habitude de pratiquer en tant qu’urbaniste. Aujourd’hui, la nouvelle dimension dynamique semble impérative.

Tout d’abord, la multiplicité des acteurs, des temps et formes d’échanges nécessitent des outils qui permettent d’intégrer et d’illustrer les prises et échanges d’informations, les idées, les envies, les questions, les propositions, les contradictions acceptées comme chemin vers la pertinence, les propositions invalidés. La traçabilité du cheminement de la vision commune est nécessaire comme elle permet à tout intervenant d’intégrer à tout moment la réflexion collective. Lire la suite

De nouvelles complexités dans le processus de projet urbain

dead-drop-barthollDead Drops d’Aram Bartholl

La société est en pleine évolution si ce n’est révolution. On perçoit des changements de mentalité, concomitants aux crises économiques et à la révolution technologique que représente internet ; des termes, des postures, des actions, des métiers apparaissent tels que prosumers, économie solidaire, DIY, Makerfaire, co-voiturage, qui illustrent ce basculement de posture.
Cette évolution impacte aussi le projet urbain : il y a aujourd’hui une vraie volonté de ville citoyenne. Celle-ci résulte à la fois  d’une démarche de concertation publique qui est de moins en moins perçue comme  contre pouvoir et qui verse doucement vers une posture de confiance en l’intelligence collective et possibilités des ressources locales. Cette volonté résulte aussi de manifestations de plus en plus nombreuses d’habitants soucieux d’impacter sur leur environnement, sur leur territoire ; les termes démocraties locales, processus participatifs, démocratie participative commencent ainsi à rentrer dans le langage courant.

Or le mode de conception de la ville correspond au modèle de ville désiré. Pour faire une ville qui implique les gens, il faut mettre en place des processus de projets eux même participatifs.
Et cette approche transversale réinterroge les outils traditionnels d’élaboration de projets urbains qui ne sont plus suffisants dans cette nouvelle démarche qui exige d’être dynamique, itérative, collaborative, qui implique des temporalités multiples.

L’ouverture du processus de création de la ville a induit des concepts fondateurs

LA CONTEXTUALISATION DU TEMPS DE L’ETUDE DANS L’ESPACE PUBLIC

Jusqu’à présent, le processus de l’étude urbaine se réalisait essentiellement au sein des agences avec des temps de validations institutionnels, et l’expression des projets prenait la forme d’un plan masse figé. Le temps d’étude était dissocié du temps du projet.
L’ouverture du processus de création de la ville a induit un premier acte fondateur : les temps d’échanges avec des partenaires multiples ont provoqué la diversification des lieux de réflexion et d’élaboration, la rencontre avec les acteurs locaux a incité à décloisonner physiquement des lieux institutionnels ou techniques pour se réaliser in situ.  Les temps de réflexion, de débat et de propositions urbaines, ouverts à tous, se sont implantés dans l’espace public, espace démocratique symbolique.

UNE APPROCHE ADHOCRATIQUE

Que ce soit par conviction politique, philosophique, sociologique, le processus de démocratie technique demande une mise en oeuvre spécifique. Reposant sur la confiance en l’intelligence et la créativité collectives, il pose chaque intervenant comme porteur d’une expertise. Les partenaires de projet deviennent alors bien plus nombreux, le comité d’élus et de techniciens du territoire s’élargit aux habitants, à tout acteur local désireux de s’impliquer, ainsi qu’à tout intervenant pouvant apporter une plus value à la co-élaboration, tendant à constituer ainsi des systèmes adhocratiques. Si la responsabilité de la prise de décision finale impute toujours au politique, les temps d’élaboration du projet se déroulent selon le principe où tout le monde peut intervenir en se voulant porteur de l’intérêt collectif. Les expertises croisées dans un mode horizontal devront permettre de faire émerger une ou des solutions les plus adéquats.

DES TEMPORALITES CORRESPONDANT A CELLES DE LA VILLE

Au delà de l’élargissement politique, la volonté de co-construction d’une vision commune impacte aussi la dimension temporelle du faire la ville. Jusqu’à il y a peu, le processus urbain, essentiellement linéaire, se composait de temps de réflexion et d’élaboration de projets théoriques, rythmés par les différentes nécessaires validations, pour ensuite mener, dans une autre temporalité, à la réalisation.
Les processus collaboratifs ont l’avantage et la nécessité de générer des dynamiques de projet immédiates que ce soit par les débats actions, les initiatives, le changement de perception du territoire qui se pérennise et vont au-delà du temps de l’étude. Le nouveau processus urbain confère ainsi une matérialité à la traditionnelle étude urbaine. L’intitulé même d’ « étude » va certainement évoluer puisque celle-ci ne se confine plus seulement au domaine intellectuel, ni au préalable, elle s’inscrit aussi dans une temporalité et dans un faire immédiats.